Le 19 Mars SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) a publié son rapport annuel sur les commerce d'armes dans le monde. Cette fois-ci il s'agissait d'un rapport sur la période 2007-2011. La première constatation en est que le volume du commerce d'armes dans le monde a augmenté de 24% en comparaison avec la période 2002-2006.
Deuxième constatation remarquable: la Grèce tient la 10ième place du monde dans la liste des importateurs d'armes et est le plus grand importateur d'armes dans l'Union européenne.
Comment... la Grèce n'était-elle pas en faillite?
Les chiffres
Pour un pays au bord de l'abîme financier, les chiffres sont quand-même hallucinants: il s'agit de milliards d'euros. Pendant des mois on a traités les Grecs de 'paresseux', 'voleurs', 'fraudeurs', etc… et qu'ils devaient vivre moins au-delà de leurs moyens et se serrer encore plus la ceinture.
Entre temps, selon Euobserver, les chiffres officiels du Conseil Européen sur les licences d'armes démontrent qu’en 2010, les pays de l'UE ont vendu pour plus de 1 milliard d’euros en armes pendant qu’en même temps avait lieu les négociations du premier bail-out.
En 2010 la France était de loin le plus gros vendeur, avec un contrat d’une valeur de 794 millions d’euros pour des hélicoptères NH-90. Il faut y ajouter 58 millions de missiles et 19 millions de produits électroniques divers pour la défense de l’espace aérien. Les plus grands avocats pro-austérité, les Pays-Bas et l'Allemagne ont vendus pour près de 90 millions de matériel électronique et des véhicules terrestres, l’Italie pour environ 52 millions des fusils et des pièces détachées pour avions , tandis que l'Espagne a vendu pour 33 millions de produits chimiques de qualité militaire.
Selon le rapport annuel SIPRI, cité plus haut, il faut bien constater que la Grèce a réduit ses
importations d'armes de 18% par rapport à la période 2002-2006, quand il était encore le quatrième importateur du monde. Et même qu’en 2011 le pays n'a pas passé des commandes pour des armes conventionnelles. Cependant la livraison des quatre 'Super Vita Fast Attack Crafts' commandés au Royaume-Uni (et déjà payé précédemment) et les systèmes d'armes pour ces navires, en provenance de l’Italie et des Pays-Bas a bien eu lieu.
Tout aussi bien qu’une première livraison des 20 hélicoptères NH-90 commandés en France. Il n’y a que la commande de cinq sous-marins de type 214, venants d'Allemagne, qui reste en suspens.
Les autres pays Européens savent que la Grèce est un bon client. Le pays achète 13% de toutes les armes qui sont fabriquées en Allemagne et en est le meilleur client. 10% de toutes les armes qui sont produites en France vont direction Grèce, ce qui en fait le deuxième meilleur client de la France.
Economies sur la défense?
En Grèce on fait des économies sur tout. A l'exception des dépenses pour la défense. Suivant une dépêche de l’AFP du 11 décembre 2011, Athènes a alloué en 2012 plus d'argent pour les commandes de matériel militaire - 1 milliard d'euros par rapport à 600 millions d'euros en 2011 - mais le ministère de la Défense réduira son budget de fonctionnement de 1,4%(1). Et puisque le nombre de chômeurs augmente, des voix s'élèvent pour que la période du service militaire (12 mois obligatoire) soit elle aussi augmentée, de sorte que le taux de chômage chez les jeunes baisse.
A part une intervention de Mr. Daniël Cohn-Bendit, il règne un silence assourdissant de la part du Parlement et de la Commission Européenne sur le budget de la défense grecque. L'Allemagne et la France, bien sûr, ne disent mot, si la Grèce n'achèterai plus d'armes cela menacerai de bien perturber leur industrie.
En la période entre 2009 et 2011 Mr. Evangelos Venizelos était ministre de la Défense. En juin 2011 il est nommé ministre des Finances et vice-président du gouvernement, dans le cadre du remaniement ministériel du gouvernement Papandréou, postes qu'il conserve dans le gouvernement de Mr. Loukas Papademos en novembre 2011. Mr. Venizelos est responsable pour les mesures les plus difficiles prises par la Grèce depuis des décennies. Cependant on ne l'a jamais entendu dire qu'il fallait couper dans les dépenses pour la défense. On pourrait se demander pourquoi. Dimanche passé il est devenu, enfin, le tout nouveau président du PASOK, poste qu’il briquait depuis 2007.
La menace turque
Comme par hasard chaque fois qu'en Grèce le sujet des dépenses de défense est susceptible d'être abordé, les médias publient des articles sur un navire de recherche turc qui, sous le couvert de recherche scientifique sur les tremblements de terre, ferait des forages sur les plaques tectoniques se trouvant en territoire grec. Ou encore que des avions ou bateaux militaires turcs sont entrés dans l'espace aérien ou les eaux territoriales grecques.
Le fait est que ces choses arrivent et peut-être qu'il s'agit d'un peu plus que de taquineries de la part de l'armée turc. Mais la Grèce et la Turquie sont deux pays membres de l'OTAN et le comble serait que l'Europe accepterai qu'un membre en attaquerai un autre. Ce disant, si la Turquie pouvait déjà en avoir envie, ce qui est loin d'être certain.
En tout cas, il est très bizarre qu'un pays qui est quasiment en faillite soit le plus grand importateur d'armes de l'Union Européenne et que l'Europe n'en semble pas faire un point.
(1) En 2010 le budget de Défense de la Grèce était de 7 milliards d’Euros (estimation Sipri).